On s'aime depuis février 2005 et nous voulons un bébé depuis juin 2011. Nous ne pensions pas que la route serait si longue ...
La PMA est un parcours difficile et ponctué de nombreux deuils. Certaines personnes, hors PMA, diront peut-être que le mot est fort mais non, loin de là.
Déjà, avant la PMA, il y a des "minis deuils" qui sont les échecs à répétition. Ceux-ci sont déjà difficile à vivre avant la PMA et deviennent de plus en plus difficile avec les mois voire les années qui passent. Tous les couples en essai sont confrontés à ces deuils là (sauf si ça a marché du premier coup).
Ensuite, il y a un deuil important à faire : le deuil dit du bébé couette. C'est à dire de l'enfant conçu sans aide médicale, le bébé que l'on fait sous la couette. Pour moi, c'était il y a un an. J'ai eu énormément de mal à accepter cette idée. Il m'a fallu quelques semaines. J'ai d'ailleurs juste voulu faire quelques stimulations simples avant de tenter les inséminations car je n'avais pas encore fait mon deuil de mon bébé couette.
Une fois en PMA, il faut accepter d'avoir un bébé hôpital. Ce bébé est à moitié conçu à l'hôpital par l'insémination. La fécondation se fait toujours dans l'utérus de Madame donc ça ne change pas grand chose par rapport au bébé couette. Malheureusement, parfois ce petit coup de pouce ne suffit pas.
On passe alors à la vitesse supérieure : le bébé éprouvette. J'ai été confronté au deuil du bébé hôpital et à l'acceptation du bébé éprouvette il y a quelques mois. En août dernier, je n'étais pas du tout prête, il me fallait du temps pour accepter tout ça. Depuis un peu plus d'un mois, je suis prête. J'ai fait mon deuil. C'est difficile de se dire que mon bébé sera conçu dans une éprouvette, dans un laboratoire. Cela dénature et médicalise complètement l'acte sexuel, l'acte d'amour d'où découle un enfant. C'est très dur à accepter mais, quelque part, si on veut notre bébé, on n'a pas vraiment le choix.
Si par malheur ça ne fonctionne pas, il y a un deuil plus important à faire : celui de l'enfant biologique. Celui là, même si c'est dans un coin de ma tête, je ne suis pas encore prête à le faire. Accepter d'avoir un enfant sans son patrimoine génétique, un enfant à nous sans être vraiment à nous, un enfant adopté. Nous n'y sommes pas encore mais ça sera un deuil qui demandera du temps (si on doit y arriver, j'espère que non).
Celui que je veux n'avoir jamais à vivre c'est le deuil de l'enfant. Se dire que l'on ne sera jamais parents. Bien sûr, lors de nos nombreux échecs, l'idée m'a traversé l'esprit. Le moral est tellement bas, on voit tellement tout en noir que l'on se dit que notre tour n'arrivera jamais. Quelques jours après, ça va mieux en général et on avance.
Ces deuils sont difficiles pour le couple et ne sont pas toujours bien compris par l'entourage. En effet, personne n'est mort, personne n'est né donc il n'y a pas de raison de faire un deuil. Finalement, on fait le deuil d'une absence, de l'idée d'un enfant. Pour beaucoup de gens, cela peut paraître difficile à concevoir mais on fait vraiment un deuil. Un deuil en silence, sans pleurer (quoique parfois ça fait du bien), sans rien montrer aux autres, en souriant mais à l'intérieur on meurt un peu à chaque fois, à chaque échec. On se croit renforcé et au moindre test négatif, on s'écroule en larmes pendant plusieurs heures ou plusieurs jours.
Un deuil que les gens comprennent et que j'ai malheureusement vécu c'est celui qui suit une fausse-couche. Ce deuil est terrible. Il est bien évidemment bien moins terrible que la perte d'un enfant né (j'espère n'avoir jamais à vivre ça) mais il est quand même difficile. Même si l'enfant que l'on a perdu est encore fort abstrait pour nous, on a quand même perdu quelque chose, on doit expulser de notre corps le sac embryonnaire, on doit vider notre utérus de quelque chose que notre corps à rejeter. On doit expulser un bébé dont notre corps ne veut pas. C'est terrible. Je sais que mon deuil n'est pas fini. Sera-t-il fini un jour ? Je ne sais pas. Peut-être quand je serai enceinte mais je n'en suis même pas sûre. Cette grossesse tant attendue qui se stoppe du jour au lendemain, c'est juste un cauchemar. On se dit que l'on repart dans l'enfer de la PMA avec de nouveau cette question lancinante "quand ?". Quand aurons-nous le droit à ce bonheur ? Quand est-ce que je n'aurai plus mal à l'intérieur de moi ? Quand est-ce que j'arrêterai de pleurer un bébé qui n'est même pas encore conçu ? Malheureusement, on doit vivre avec tout ça et on ne sort pas indemne du parcours PMA.